********* Une feuille intercalée dans un livre (法语) *********
de HU Xian, traduit du chinois par Shanshui Ruge
De plus en plus légère, installée de côté dans l’obscurité
illusoire : elle a besoin que les pages soient fermées, afin de retrouver
la sensation qu'une histoire s’est interrompue sous contrainte.
Le dos du livre est épineux, une force subtile
pénètre dans les nervures, ainsi elle convoie, du fond de son cœur,
certaines voix secrètes vers le bord linéaire et irrégulier de son corps.
« Il n'est rien que l'obscurité ne puisse connaître, y compris
l'authenticité de l'introspection.»
Elle devient de plus en plus sèche, une sorte de volupté obstinée réclame
une forme charnelle (semblable aux dérivés d'un labyrinthe).
Parfois, l'obscurité est trop profonde, trop auto-indulgente, comme
la vie difficile à résumer de quelqu'un...
Elle ne s'inquiète point, car même si l’immensité est sans fin,
l'unique tourbillon se trouve cependant en son sein. Elle tend
son pétiole mince et long au-delà du corps
vers la vaste étendue de vide : elle peut encore
toucher le passé, et s'ingérer dans les rugissements et les souffrances
qui se tiennent à l'écart depuis fort longtemps. « Le temps n'est pas équilibré.
Que pouvez-vous faire à ce qui appartient au passé ?»
Beaucoup de choses tournent alentour : suspense, grand rire, narration
d'une vérité autoproclamée…
Occasionnellement, sous l’implication des chapitres adjacents, passe
un courant d’air, mais ce n'est plus un vent, juste
une sorte de chose anonyme qui cherche un refuge.
« Seulement beaucoup plus tard, vous saurez ce qui s'est passé,
et dedans, tous les secrets que même la lumière peine
à déceler.»
Une fois quelqu'un a ouvert le livre, la lumière comme
un monstre aveuglant, y a pénétré soudainement, mais
la passion hors contrôle ne pouvait déranger plus rien, à l'aide
de l’odorat et la haleine féroces du prédateur, elle a découvert que
par rapport à l'obscurité, l’illumination
était légère, éphémère, et afférente
à une illusion que l’on pouvait dénouer par le silence.
«Ce qui est applicable à toute une vie, est évidemment paradoxal
par rapport à un certain événement accidentel ... » Lorsque les pages s'ouvrent à nouveau, l'obscurité
et la lumière confluent brusquement encore une fois, elle reste toujours
surprenante, les deux faces rugueuses et lisses peuvent encore
conter séparément...
- Connaissant profondément la substance du silence, comme
la dernière relique d’un musée de papier, elle survit
en s'appuyant sur toutes les expériences d'échec, dans son cœur
les fragments restants relient toutes les partialités de la vie, et
un tout qui existe mais toujours impossible à narrer.
*********A leaf intercalated in a book (英语) *********
by HU Xian, translated from Chinese by Shanshui Ruge
Lighter and lighter, it tilts itself sideways in an illusory
Darkness: it needs the pages to be closed, in order to recover
The sensation that a story has been interrupted under stress.
The spine of the book is thorny, a subtle force
Penetrates into the ribs, so it conveys, from the bottom of its heart,
Some secret voices to the linear and irregular edge of its body.
"There is nothing that the darkness cannot know, including
The authenticity of introspection. "
It becomes drier and drier, a kind of obstinate voluptuousness claims
A fleshly form (similar to the derivatives of a labyrinth).
Sometimes, the darkness is too profound, too self-indulgent, like a lifetime
Difficult to summarize...
It does not worry, for even the immensity is endless,
The only vortex lays at its heart. It sends
Its thin and long petiole beyond the body
Towards the vast void: it can still
Touch the past and intervene in the roars and the pain
Which stand apart for a very long time. "Time is not balanced.
What can you do for anything that is in the past? "
Many things turn around: suspense, laughter, narration
Of a self-proclaimed truth ...
Occasionally, under the implication of the adjacent chapters, an air stream
Passes, but it is no longer a wind, only
A sort of anonymous thing that seeks refuge.
"Only much later you will know what happened,
And among which all the secrets that even the light cannot
Reveal. "
Once somebody opened the book, light, like a blinding
Monster, penetrated there suddenly, but
The passion that was out of control could no longer disturb anything, by means of
The ferocious smell and breath of the predator, it discovered that
Compared with darkness, illumination
Was light, ephemeral, and afferent
To an illusion that could be unraveled by silence.
"What is applicable to a lifetime, is obviously paradoxical
To a certain accidental event ... " When the pages open again, the darkness
And the light abruptly conflate again, it is still surprising,
Both rough and smooth sides can still
Tell separately ...
- Knowing perfectly the substance of silence, as
The last relic of a paper museum, it survives
Relying on all its experiences of failure, in its heart
The remaining fragments bind all partialities of life, and
A whole that exists but always impossible to narrate.